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L'anorexie est souvent symptomatique d'une souffrance psychique liée à l'image du corps, comme en témoignent les récits de nombreuses personnes concernées par ce problème.
L'image du corps et les comportements alimentaires en rapport avec celle-ci, mettent en jeu des relations à soi-même
- estime de soi
ou narcissisme - et à autrui - relations d'objet familiales, amicales, amoureuses
- plus ou moins perturbées dans l'anorexie.
Des régimes minceur aux états de privation ou de jeûne extrême, cette pathologie multiforme va
en effet des simples tendances à des
pathologies lourdes de conséquences pour les sujets en souffrant.
Sans avoir la prétention d'apporter des réponses à toutes les questions, ce
livre revisite les processus entrainant la souffrance
psychique et les comportements anorexiques en question. Il donne aussi des pistes pouvant conduire à la résolution des problèmes ou à la guérison.
Ce n'est pas un livre de recettes toutes prêtes ou miracle, car il n'y en a pas. Le
travail à faire sur soi est individuel et personnel, tout le reste n'étant qu'hypothèses ou opinions.
En revanche, c'est un plaidoyer pour mettre du sens sur un certain nombre de faits ou plus exactement sur les représentations de ces faits. |
Comme dans de nombreuses pathologies, les troubles des comportements alimentaires résultent de croyances
et de pensées inadaptées sur le plan collectif ou social, autant
sinon plus que sur le plan individuel ou personnel.
En l'occurrence, les idées dominantes sur les
thèmes de la beauté et de la minceur, souvent confondus
avec la valeur personnelle d'un individu réduit à
son apparence physique ou à ses caractéristiques corporelles, sont des idées
pathogènes pour de nombreux sujets fragilisés ou vulnérables.
Dans une
société hyper-matérialiste et marchande où le culte de l'image est omniprésent, et où
l'envahissement publicitaire conditionne en permanence les mentalités, l'estime de soi
est parfois gravement malmenée par ces contraintes engendrant
potentiellement des troubles alimentaires.
A cet égard comme à beaucoup d'autres, on ne répètera jamais assez que le
social et l'individuel sont intimement liés. Un individu est toujours déjà
un être social en rapport avec d'autres comme avec les autres de lui-même.
Pour cette raison, l'image que chacun(e) a de soi est en grande partie l'image
que les autres lui renvoient de lui(d'elle)-même. C'est encore dire qu'il est inutile et vain, mais aussi illusoire de vouloir
dissocier le social de l'individuel.
La psychologie d'un individu dépend en grande partie des valeurs régnant dans les groupes auxquels il est
affilié, même si des facteurs familiaux et personnels entrent bien entendu aussi en ligne de
compte. C'est donc à la fois au niveau social, familial, individuel et
personnel plus exactement, qu'il convient de rechercher et d'analyser les causes
des problèmes afin de les comprendre pour pouvoir les résoudre le cas échéant.
En tout état de cause, l'acquisition d'un regard critique et d'une prise de recul
par rapport aux conditionnements sociaux en particulier, est une clé importante
pour mettre à distance leur influence néfaste ou pour neutraliser leurs effets pathogènes,
le cas échéant.
Tout cela étant, bien évidemment, il s'agit le plus
souvent d'un travail s'inscrivant dans la durée, nécessitant d'analyser ou
déconstruire les voies par lesquelles chacun(e) peut être atteint(e) dans son
intimité psychique et corporelle, et simultanément de construire ou reconstruire
des représentations plus appropriées au bien-être dont chacun(e) a besoin.
Chemin faisant, on découvre que ce bien-être s'acquiert essentiellement par
l'acceptation de soi, c'est-à-dire par la simplicité et l'humilité, et non par
la poursuite de pseudo-idéaux souvent inatteignables, proposée par une publicité
ubiquitaire.
C'est en tout cas le
vœu adressé aux victimes - conscientes ou non - des stéréotypes et des mythes d'une société où le culte des apparences,
propulsé à des fins commerciales, induit chez beaucoup de sujets, via de nombreux relais, les troubles observés en clinique.
A
Paris, le 15 Septembre 2012
Françoise Zannier - Psychologue Psychothérapeute Superviseur Coach
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